La reconquête de sites urbains et périurbains s’inscrit dans l’évolution des cultures sportives contemporaines. Elle est marquée, entre autres, par l’émergence de pratiques ludosportives alternatives (spéléologie urbaine, parkour, street golf, etc.) qui ne s’inscrivent pas sur les espaces aménagés. Ces pratiques physiques, véritables jeux novateurs, élargissent l’éventail des pratiques culturelles et mobilisent ce que nous appelons une urbanité ludique. La réappropriation des espaces urbains suppose une adaptation des techniques corporelles et sportives usuelles (course, gymnastique, etc.) aux lieux pratiqués : rues, parcs, jardins, places, souterrains, immeubles. Cette réappropriation contribue fortement à développer une légitimité ludique et à souder les participants au sein d’une même communauté pratiquante et auto-organisée. L’identification et le « droit à la ville » analysés ici permettent de distinguer deux logiques d’actions : des pratiques ludosportives urbaines s’inscrivant sur des lieux qui ne se « voient pas » – invisibles ; une seconde concernant les lieux qui se « donnent à voir » – visibles.